Le travail du sol sans labour est une technique culturale simplifiée qui consiste à réduire ou à supprimer le travail du sol, en utilisant des outils moins agressifs, comme le strip-till, le semis direct ou le semis sous couvert. L’objectif est de limiter les coûts de production, de préserver la qualité et la santé du sol, et de réduire l’impact environnemental de l’agriculture.
Le travail du sol sans labour s’oppose au travail du sol conventionnel, qui consiste à modifier la structure et la composition du sol à l’aide d’outils mécaniques, comme la charrue, le cultivateur ou le déchaumeur. Le but est de préparer le lit de semence, d’enfouir les résidus de culture et les fertilisants, et de maîtriser les adventices. Le labour est la forme la plus courante et la plus ancienne de travail du sol, qui implique un retournement de la couche superficielle du sol.
Mais quelles sont les conséquences de ces techniques sur les rendements, les coûts et le sol ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé deux agriculteurs qui cultivent le même type de sol et qui pratiquent une rotation de maïs-fèves depuis plus de 20 ans, mais qui ont adopté des systèmes de culture différents : l’un laboure son sol chaque année, l’autre ne le laboure plus depuis plus de 20 ans.
Rendements et coûts des deux systèmes de culture
L’agriculteur qui laboure son sol a une moyenne de 210 quintaux/ha de maïs sur 10 ans, tandis que l’agriculteur qui ne laboure pas a une moyenne de 187 quintaux/ha sur 10 ans. Si l’on considère uniquement le rendement, l’agriculteur qui laboure a donc un avantage de 12 % par rapport à l’agriculteur qui ne laboure pas.
Le système avec labour : plus de rendement mais plus de coût
Cependant, il faut aussi prendre en compte les coûts de production, qui sont nettement plus élevés pour l’agriculteur qui laboure. En effet, il applique 170 kg/ha d’azote pour sa culture de maïs, alors que l’agriculteur qui ne laboure pas n’applique que 120 kg/ha (et encore moins certaines années). L’agriculteur qui laboure applique donc 41 % plus d’azote mais n’obtient que 12 % plus de rendement en maïs. De même, il applique du phosphore et du potassium avant le maïs, alors que l’agriculteur qui ne laboure pas n’a pas appliqué ces éléments depuis 7 ans.
En ce qui concerne le travail du sol, l’agriculteur qui ne laboure pas a beaucoup moins à faire, ce qui entraîne une baisse significative des coûts de carburant, de main-d’œuvre et d’usure du matériel. Après avoir récolté ses cultures à l’automne, il sème un quintal/ha de seigle comme culture de couverture et il a fini de travailler son sol pour l’année. Le printemps suivant, il détruit la culture de couverture et sème sa culture principale. Il applique son azote sur son maïs après la levée sous forme de 32 % d’azote liquide.
Le système sans labour : moins de rendement mais moins de coût
L’agriculteur qui laboure, quant à lui, a plus de travail à faire sur son sol. Après la récolte, il fait appel à la coopérative pour épandre son engrais phosphore et potassium (avant le maïs) et ensuite il le fait incorporer avec un labour. Plus tard à l’automne, il applique de l’ammoniac anhydre (avant le maïs). Le printemps suivant, il fait deux autres passages de travail du sol avant une application d’herbicide prélevée et le semis de sa culture principale.
Le tableau suivant résume les différences entre les deux systèmes de culture :
Système de culture | Rendement maïs (q/ha) | Azote (kg/ha) | Phosphore et potassium (kg/ha) | Nombre de passages de travail du sol | Coût de production (€/ha) |
---|---|---|---|---|---|
Labour | 210 | 170 | 80 | 5 | 1 200 |
Sans labour | 187 | 120 | 0 | 2 | 800 |
On voit que le système sans labour permet de réduire les coûts de production de 33 % par rapport au système avec labour, tout en ayant un rendement légèrement inférieur. La marge brute est donc plus élevée pour le système sans labour.
Impacts des deux systèmes de culture sur la qualité et la santé du sol
Pour comparer les impacts des deux systèmes de culture sur le sol, nous avons réalisé une expérience simple : nous avons prélevé deux échantillons de sol dans les parcelles des deux agriculteurs, qui ont le même type de sol et qui sont en rotation de maïs-fèves depuis plus de 20 ans. Nous avons ensuite immergé les échantillons dans l’eau et observé leur comportement.
Le résultat est frappant : le sol qui a été labouré chaque année s’effrite et se dissout rapidement dans l’eau, alors que le sol qui n’a pas été labouré reste compact et intact. La photo ci-dessous illustre la différence entre les deux sols après deux minutes d’immersion.
Comment expliquer ce phénomène ? Le travail du sol, et notamment le labour, détruit la structure du sol, c’est-à-dire l’agencement des particules de sol (argile, sable, limon) et des espaces vides (pores) entre elles. Ces pores sont essentiels pour le stockage et la circulation de l’air, de l’eau et des nutriments dans le sol. Le travail du sol réduit également la matière organique et l’activité biologique du sol, qui contribuent à former des agrégats stables et à maintenir la cohésion du sol.
À l’inverse, le sol qui n’a pas été labouré conserve une structure plus naturelle, avec des pores de différentes tailles, créés par les racines des plantes et les vers de terre. Le sol contient plus de matière organique et de micro-organismes, qui produisent des substances qui agissent comme des colles biologiques. Le sol est donc plus résistant à l’érosion et aux chocs mécaniques ou hydriques.
Le système avec labour : un sol dégradé et vulnérable
Les conséquences de ces différences de structure sont importantes pour la fertilité et la durabilité du sol. Le sol qui a été labouré est plus sensible au ruissellement et à l’érosion, ce qui entraîne une perte de sol et de nutriments. Il est aussi plus vulnérable à la compaction, au tassement et à la battance, ce qui réduit la porosité et l’infiltration de l’eau. Il est enfin plus sujet aux variations de température et d’humidité, ce qui affecte le développement des plantes et des micro-organismes.
Le système sans labour : un sol préservé et résilient
Le sol qui n’a pas été labouré, au contraire, est plus apte à retenir et à restituer l’eau et les nutriments, ce qui favorise la croissance des plantes et la biodiversité du sol. Il est aussi plus stable et plus résilient face aux aléas climatiques, comme la sécheresse ou les excès d’eau. Il est enfin plus riche en carbone organique, ce qui contribue à atténuer le changement climatique.
Avantages et inconvénients des deux systèmes de culture
Comme nous l’avons vu, les deux systèmes de culture ont des impacts différents sur les rendements, les coûts et le sol. Il n’existe pas de système idéal, mais plutôt des avantages et des inconvénients à prendre en compte selon le contexte et les objectifs de chaque agriculteur.
Le système avec labour : des avantages à court terme mais des inconvénients à long terme
Le système avec labour présente l’avantage de faciliter le semis, d’enfouir les résidus de culture et les adventices, et de rompre le cycle de certaines maladies. Il peut aussi permettre d’obtenir des rendements plus élevés dans certaines conditions, comme les sols froids ou humides. Cependant, il présente aussi des inconvénients, comme un coût de production plus élevé, une dégradation de la structure et de la fertilité du sol, et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Le système sans labour : des inconvénients à court terme mais des avantages à long terme
Le système sans labour présente l’avantage de réduire les coûts de production, de préserver la qualité et la santé du sol, et de limiter l’impact environnemental de l’agriculture. Il peut aussi permettre d’améliorer la résilience des cultures face aux aléas climatiques, comme la sécheresse ou les excès d’eau. Cependant, il présente aussi des inconvénients, comme une maîtrise plus difficile des adventices, des maladies et des ravageurs, une adaptation nécessaire du matériel et des semences, et une baisse possible des rendements dans certaines situations, comme les sols compacts ou acides.
Système de culture | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Travail du sol | – Facilite le semis, l’enfouissement des résidus et des adventices, et la lutte contre certaines maladies. – Permet d’obtenir des rendements plus élevés dans certaines conditions (sols froids ou humides). | – Coût de production plus élevé (engrais, carburant, main-d’œuvre, usure du matériel). – Dégradation de la structure et de la fertilité du sol (érosion, compaction, perte de matière organique et de biodiversité). – Augmentation des émissions de gaz à effet de serre. |
Sans labour | – Réduit les coûts de production (moins d’intrants et de passages). – Préserve la qualité et la santé du sol (structure, porosité, matière organique, biodiversité). – Limite l’impact environnemental de l’agriculture (moins de ruissellement, d’érosion et d’émissions de gaz à effet de serre). | – Maîtrise plus difficile des adventices, des maladies et des ravageurs (nécessité de recourir à des herbicides, des fongicides ou des insecticides). – Adaptation nécessaire du matériel et des semences (nécessité d’utiliser des outils adaptés au semis direct ou sous couvert, et des variétés tolérantes aux stress biotiques ou abiotiques). – Baisse possible des rendements dans certaines situations (sols compacts ou acides, climats froids ou secs). |
J’espère que ce tableau vous aidera à mieux comprendre les différences entre les deux systèmes de culture.
Conclusion
En conclusion, le travail du sol et le sans labour sont deux systèmes de culture qui ont des impacts différents sur les rendements, les coûts et le sol. Il n’existe pas de système idéal, mais plutôt des choix à faire en fonction du contexte et des objectifs de chaque agriculteur. Le travail du sol peut être utile pour optimiser les rendements à court terme, mais il peut aussi nuire à la qualité et à la durabilité du sol à long terme. Le sans labour peut être bénéfique pour réduire les coûts de production et préserver le sol, mais il peut aussi nécessiter une adaptation technique et une acceptation sociale.
Mon opinion personnelle est que le sans labour est un système de culture plus respectueux de l’environnement et plus rentable que le travail du sol. Je pense que les agriculteurs devraient s’orienter vers ce système, en tenant compte des spécificités de leur sol, de leur climat et de leur marché. Je pense aussi que les pouvoirs publics devraient encourager et accompagner cette transition, en proposant des aides financières, des formations, des conseils et des incitations fiscales.
Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’un article officiel de recherche scientifique, mais simplement d’une comparaison de deux exploitations agricoles fondée sur une conversation avec chaque agriculteur et une simple démonstration de leur sol.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, vous pouvez consulter les sources suivantes, qui m’ont inspiré pour rédiger mon article :
- Enquête SSP Agreste sur les pratiques culturales en 2020
- Publication de l’Académie d’agriculture de France sur le travail du sol pdf
- Article de Terre-net sur le sans labour
- Vidéo de la Chambre d’agriculture de l’Indre sur le semis direct :
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Qui a fait exactement la photo des deux bocaux ?
C’est du bullshit gigantesque ce qui est raconté là. Tout sol quel qu’il soit est composé de particules minérales liées entre elles par de l’humus. Et la glomaline et autres colles créées par les micro-organismes n’empêche que l’eau séparent les particules. Ce qui reste et que l’on voit dans les trémis ce n’est pas de la terre c’est de la matière organique en surface.
Dans le bocal de gauche il n’y a pas de sol. Peut-être de la tourbe ou du terreau mais certainement pas un sol « du même type » que celui où ont été cultivé maïs et fève.